En effet en Roumanie, où plus de 85 % de la population est orthodoxe, Pâques est la fête la plus importante. À cette occasion, les Roumains peignent des œufs pour décorer la table du repas ou pour offrir aux personnes qu’ils aiment. Le rouge, qui rappelle le sang du Christ, est la couleur la plus utilisée. Mais on trouve aussi des œufs peints de toutes les couleurs (rouge, vert, bleu, jaune,…).
Au matin de Pâques, commence un petit jeu qui va durer toute la semaine et qui consiste à frapper son œuf peint sur celui de son voisin en disant « Hristos a înviat » (Christ est ressuscité). L’autre doit répondre : « Adevarat ca a inviat » (Il est vraiment ressuscité). Celui dont l’œuf reste intact remporte le jeu !
Pendant les jours suivant Pâques, les Roumains se saluent d’ailleurs en répétant cette phrase rituelle.
Les techniques de décoration des œufs sont diverses : avec de la gouache, de l’encre, de la teinture ou même des feutres.
Une des techniques les plus répandues en Roumanie, consiste à utiliser des feuilles ou des fleurs en guise de pochoir. Par exemple, on dépose une feuille de trèfle sur un œuf qu’on place dans un vieux bas de nylon et on plonge le tout dans la teinture rouge.
Quand l’œuf est sec, on décolle délicatement la feuille et on applique une couche de vernis.
L’effet est vraiment superbe et c’est très facile à réaliser avec des enfants ! Les Roumains peignent en général des œufs cuits durs qu’ils mangent après avoir cassés selon ce petit jeu traditionnel.
En revanche, plusieurs artistes vident les œufs avant de les peindre, ceci permet de conserver ses œuvres de très nombreuses années.
Depuis le XVIIème siècle, les œufs ainsi décorés sont appelés "incondeiate" (travaillés à la plume) en Roumanie. Les dessins sont particulièrement complexes. En Bucovine, on utilise les motifs folkloriques traditionnels tels l’épi, le soleil, la feuille ou la croix pascale, ces œufs sont d’une beauté rare, voire unique en Roumanie. La technique utilisée est celle de la cire d’abeille.
Beaucoup de ces œufs sont réalisés pour la fête orthodoxe pascale et sont exposés dans les églises, les monastères et chaque maison dispose de son panier d’œufs décorés.
Cet artisanat est une tradition qui se perpétue de mère en fille depuis des générations et ce, depuis leur plus jeune âge.
On trouve aussi des œufs avec des motifs en relief, mais également des œufs en bois peints ou des œufs en bois sur lesquels sont collés des perles.
Photos@Sophie S.
Avant de commencer, il faut vider l’œuf cru (en général des œufs de poule ou de cane car ils sont blancs) à l’aide d’une seringue, le laver à l’intérieur et à l’extérieur et bien le laisser sécher.
Puis on chauffe la cire. L’orifice ayant servi à vider l’œuf est rebouché par un petit bouchon de cire.
On applique ensuite la cire sur l’œuf à l’aide d’un instrument à peindre appelé « chişiţă » (sorte de petit tube attaché à un manche).
Puis l’œuf est trempé dans des bains colorants successifs, toujours de la couleur la plus claire à la plus foncée. Par exemple, on plonge l’œuf dans de la teinture jaune. Quand le jaune a séché, on poursuit avec les motifs rouges et ainsi de suite... Le noir est la dernière couleur utilisée.
Après avoir fait les dessins, on place l’œuf au dessus d’une source de chaleur pour faire fondre la cire et on l’essuie avec un chiffon (attention tout est une question de dosage car l’œuf peut se casser facilement).
Cela peut prendre 3 à 4 heures pour peindre un seul œuf.
En bonus, retrouvez sur YouTube la technique à la cire d’abeille.
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